11 novembre
au 13 novembre 2011
Madagascar
Je ne sais
pas trop pourquoi mais j’étais hyper stressé avant de partir pour Madagascar.
Ça fait des mois que j’ai décidé d’y aller et ça fait des mois que ça me
stresse. Même si plein de personnes m’ont dit avoir adoré Madagascar ou
connaître quelqu’un qui l’a adoré il y a aussi beaucoup de voyageurs qui
écrivent que la situation s’y est nettement détériorée ces dernières années, la
pauvreté a beaucoup augmentée et que ça provoque une hausse importante du
crime.
Je dois
avouer que j’avais un peu peur et je n’arrivais pas vraiment à raisonner cette
peur ou à l’éliminer. Bien que plusieurs fois j’étais sur le bord de changer
d’idée et ne pas aller à Madagascar, je me suis dit que cette peur était
justement un bon indicateur d’y aller. Après tout je suis supposé sortir de ma
zone de confort …
Survol à l’arrivée
Deux choses
m’ont frappée alors que l’avion, après environ une heure de vol depuis le
départ de La Réunion, survolait le territoire : En premier lieu, je ne
voyais pas de route, seulement des pistes en terre rouge. Aucune route
asphaltée sauf en arrivant à la capitale, Antananarivo.
La deuxième
chose qui m’a frappé est la couleur brune des rivières …
Antananarivo
C’est la
capitale du pays, avec environ 800 000 habitants. Contrairement à ce que je
craignais, l’arrivée à l’aéroport a été hyper efficace. En 30 minutes j’avais
mes bagages et était sorti de l’aéroport en ayant reçu mon visa sur place,
gratuitement. Pourtant j’avais lu dans mes guides que le processus pouvait être
pénible …
Il y avait
bien sur pas mal de monde qui était prêt à m’aider avec mes bagages, contre
rémunération future, mais rien de très oppressant. J’ai déjà vu pire.
J’ai pris l’autobus pour aller à mon hôtel,
et, encore une fois, tout s’est bien passé. En chemin, j’ai été surpris de voir
des rizières jusqu’aux portes de la ville. La ville elle-même est située sur
des collines mais les terres basses sont utilisées pour la culture du riz.
L’espace semble être précieux, il y a des maisons ou des marchés construits sur
plusieurs des digues séparant les rizières.
Je pouvais voir des malgaches travailler dans l’eau jusqu’au cou … et
j’ai vu aussi mes premiers zébus, l’animal domestique le plus important pour
les malgaches, remplaçant le compte de banque.
Rendu au
centre-ville … le traffic y est important. Il n’y a pas de feux de circulation
et très peu de panneaux avec les noms de rues. Comme c’est une ville bâtie sur des collines je vais encore avoir de la
misère à m’orienter, il semble que j’ai de la difficulté à m’orienter dans les
villes en 3d.
Il y avait
plusieurs problèmes avec ma réservation à l’hôtel, mauvais nombre de nuits,
changement de chambre pendant mon séjour, … mais tout s’est arrangé et la
chambre était ok, surtout à environ 20$ la nuit.
Conseils du vieux sage
Ayant
remarqué un voyageur qui avait l’air assez expérimenté dans la cour de l’hôtel
je me suis dit que ça serait une bonne idée de l’approcher et lui demander ses
conseils quant à Madagascar et la capitale.
Je ne
m’étais pas trompé, cela faisait déjà plusieurs fois qu’il venait à Madagascar,
en fait la première fois c’était il y a 40 ans! Il m’a dit que le pays ne
s’était pas développé depuis 40 ans et même s’était appauvri. Cette pauvreté causant une augmentation du
crime envers les voyageurs il devait faire beaucoup plus attention qu’avant.
Ses
recommandations, pour la capitale, étaient :
- Pendant la journée, pas de problèmes, mais il faut faire attention, porter son sac devant soit, pas avoir de bijoux, …
- Mais, une fois la nuit tombée, il ne faut pas s’éloigner des environs de l’hôtel, surtout pas aller sur l’avenue de l’indépendance, car c’est trop dangereux. Le préposé à la réception m’a dit la même chose, en gros le quartier de l’hôtel est ok mais ne pas trop s’éloigner.
- Si on a besoin de se déplacer, il faut prendre un taxi … connu. Il a des amis qui ont été conduits dans un coin sombre par un chauffeur de taxi et ont été détroussés ...
Pourtant, ça devrait être pas si pire, j’ai lu sur un site de nouvelles que la police, lors d’une opération spéciale, avait arrêté 29 voleurs dans le coin de la rue de l’Indépendance dans les jours précédant mon arrivée …
Un peu
épeurant. Je suis tout de même sorti du carré de sable qui m’a été décrit mais
je me suis assuré de ne pas avoir d’objets de valeur ni beaucoup d’argent sur
moi quand je l’ai fait.
Lumière sur la ville lors du soleil couchant
Dans mon
guide, il est écrit que la lumière sur les collines de la capitale est
remarquable lors du coucher du soleil. Cela n’a pas été mon expérience car à
partir d’environ une heure avant le couché du soleil j’ai eu l’impression que
la ville était envahie de fumée. Je croyais que c’était de la fumée venant
peut-être de feux de brousses mais à l’hôtel ont m’a dit que ce n’est que de la
pollution venant des vielles voitures. J’imagine qu’elle provient aussi de la
combustion du bois, utilisé comme source d’énergie.
Le premier
soir j’avais les yeux qui brulaient mais après cela je me suis un peu habitué.
Bouffe à Antananarivo
Fréquentés
par une classe aisée malgache, les expats ainsi que les touristes, il y a pas
mal de bons restaurants dans la capitale. L’influence française y est
omniprésente mais tout cela est aussi touché par les influences africaines et
asiatiques. C’est même possible de manger du foie gras à la vanille et je me
suis laissé tenter, avec plaisir. Le foie gras, de qualité, est produit
localement. Un exemple de repas haut de gamme? Entrée de foie gras, plat
principal de filet mignon de porc au miel et gingembre, le tout accompagné d’un
verre de jus de fruit dont j’ai oublié le nom, total 20$, taxes, service et
pourboire inclus.
Il y a
aussi de plus petits restaurants qui vendent des repas à prix modiques, de 1$ à
3$ le repas complet.
Et, bien sûr,
la bouffe de rue, surtout impressionnante de soir avec leurs kiosques et
chariots éclairés à la chandelle. Mon estomac étant déjà un peu affecté par mon
séjour à La Réunion (allez donc comprendre), j’ai décidé d’éviter la nourriture
de rue pour l’instant mais ça va être parti remise dès que je le pourrai, j’ai
vu des grillades qui étaient très tentantes!
Hmmm, pas trop inspirant ... |
Il y aussi
beaucoup de petits vendeurs de quelques produits, répartis un peu partout dans
les rues et aussi dans les marchés. Il semble y avoir pas mal de fruits
exotiques.
Sortie au Cinéma
J’avais vu
une affiche annonçant une projection gratuite, organisée par l’institut français,
du film « A Norway of Life ». Je me suis dit que ça serait peut-être
une bonne façon de rencontrer des gens en allant à cet événement culturel.
La
projection était à 18 :00, alors que le ciel commence à s’assombrir et j’ai
été surpris de voir que la salle était presque vide. Il faut dire que cette
salle est située sur l’Avenue de l’Indépendance qui semble être autant crainte
par la population locale que les voyageurs.
Le film, en
norvégien sous-titré en français, était vraiment, mais alors, vraiment fucké,
et semblait être une critique d’une vie un peu trop aseptisée le tout enrobé d’éléments
fantastiques. Si jamais vous avez l’occasion de voir ce film je le recommande
hautement, il est assez exceptionnel au niveau cinématographique et
certainement très différent des films américains. Parlez-moi en si vous le voyez.
À la sortie
du cinéma, il faisait complètement noir et je suis allé me promener un peu sur
l’avenue de l’indépendance. Bien que je n’avais presque rien sur moi c’est
quand même avec la peur au ventre que j’ai fait cette promenade. La noirceur,
la fumée dans l’air, la quasi absence de touristes, les quelques chandelles et
brasero de chariots de nourriture donnaient un peu une impression post-apocalyptique
à l’avenue … Je suis rentré sans encombre à mon hôtel.
Coût de la vanille
C’est quand
même incroyable, à Montréal il faut payer 7-8$ pour 2 gousses de vanille, à la
Réunion il est possible d’en acheter 70 gousses pour 22$ et à Madagascar 70
gousses pour 3$. Il y a des intermédiaires qui s’en mettent plein les poches …
Dommage que je ne revienne pas à Montréal de sitôt, j’en rapporterais et ferait
une distribution de gousse de vanille de Madagascar à mon arrivée!
Dégustation de prépuces
Lors de la
visite du palais de la reine (incendié en 1995, financé pour être reconstruit
quelques années plus tard mais l’argent a été détourné, refinancé en 2005 mais
reconstruction arrêtée en 2009 après les troubles politiques), avec un guide, j’ai
pu en apprendre un peu plus sur la vie à Madagascar.
Ne
serait-ce que la circoncision, obligatoire chez tous les garçons et programmée
pour être faite pendant les périodes plus froides pour réduire les risques d’infection.
C’est tellement obligatoire que si un garçon meurt avant d’être circoncit il
doit être circoncit avant d’être mis dans un tombeau.
Aussi, une
fois circoncit, un des grands pères du garçon doit manger le prépuce, avec une
banane, pour compléter le rite de passage qui signifie que le garçon est
maintenant un homme.
Le guide m’a
aussi parlé du roi qui avait fait l’unification du pays, entre autre en se
mariant avec 12 princesses régionales et les installant chacune dans leur château
sur les douze collines de la ville.
Il m’a
parlé aussi un peu de la reine supposément sadique, supposément car on ne sait
pas si une partie de cela était de la propagande catholique, qui, ayant banni
le catholicisme, torturait ses sujets qui ne renonçaient pas à la foi. Un
exemple de torture? Couper tous les membres et coudre le corps dans une peau de
zébu …
Mais les 3
autres reines qui ont régnées n’ont pas eu cette réputation.
J’ai eu
aussi l’occasion de voir des arbres envahis par les araignées et en ai eu une
sur moi … brrrr.
Voyage indépendant ou tour?
J’ai pas
mal hésité pour la réponse à cette question. Je me serais peut-être joint à un
groupe pour une semaine ou deux, histoire d’apprivoiser Madagascar un peu plus
doucement et, aussi, de pouvoir bénéficier d’un guide et d’aller dans des
endroits plus difficile d’accès. Malheureusement, les agences que je suis allé
voir n’avaient pas de groupes à m’offrir. Je me suis fait offrir des circuits
privés, juste pour moi, sur mesure, mais je trouvais que ça commençait à être
très cher. Ça pourrait être une bonne option pour ceux qui ne voyagent pas en
solo.
À titre
d’information je me suis aussi fait offrir, par une agence, une voiture (pas
4x4, limitant les destinations), avec chauffeur, pour environ 55$ par jour,
essence, hôtel, nourriture en sus (mais incluant les besoins du chauffeur).
Il y avait
possibilité de trouver moins cher, en prenant un chauffeur non associé à une
agence mais, à ce moment, les risques d’arnaques augmentent selon ce que j’ai
pu lire dans les forums de discussions, il y a plusieurs cas de touristes qui
se sont fait avoir.
J’ai
finalement décidé de me débrouiller moi-même, en taxi brousse, quitte à louer
une voiture avec chauffeur pour quelques jours pour aller dans des endroits
plus retirés si nécessaire.
Argent Malgache
Plusieurs
choses rendent l’approvisionnement en fonds à Madagascar pas mal plus compliqué
qu’ailleurs :
- Seulement les cartes VISA sont acceptées dans les guichets automatiques, donc on ne peut que faire des avances de fonds.
- On ne peut retirer que 300 000 ou 400 000 ariary par transaction car la plus grande coupure est de 10 000 ariary et les guichets ne peuvent donner que 30 ou 40 billets.
- Ça vaut combien 10 000 ariary? Environ 5$.
- Donc il faut que je me promène avec beaucoup de billets qui sont plutôt volumineux. Par contre je ne veux pas en avoir trop sur moi, par crainte de vol, mais je dois faire des provisions pour les endroits où je ne pourrai pas trouver de guichets.
- Ma banque me charge 5$ par avance de fonds, plus les frais de change, ça commence à faire pas mal d’argent perdu, sans doute dans les 7% par retrait.
- Les hôtels me coutent entre 30 000 et 100 000 ariary la nuit et un repas entre 3000 et 45 000.
- Tout ça fait que chercher de l’argent est presqu’une activité quotidienne.
- Les cartes de crédits ne sont pas acceptées, la plus part du temps, dans les restaurants et les hôtels. Et seulement Visa, lorsque c’est le cas.
- L’argent Malgache n’a aucune valeur hors du pays et il est interdit de sortir du pays avec plus de 300 000 ariary.
En
prévision de cela, j’avais commencé à me construire une réserve d’euros alors
que j’étais en Europe. Cette réserve me permet de transporter de l’argent sans
avoir l’air du bonhomme Michelin avec mes vêtements remplis de billets. J’ai
tout de même retiré une bonne quantité d’ariary alors que j’étais dans la
capitale et je garde ma réserve d’Euro pour quand je serai rendu plus loin de
la civilisation.
Donc si
vous venez à Madagascar assurez-vous d’avoir une carte VISA ainsi que des euros
(plus pratiques que des $US)
Plan de visite
Basé sur
l’information que j’ai pu trouver sur Internet, dans mon guide, et aussi sur
les circuits proposés par les agences, grosso modo mon plan de voyage
est :
- La route nationale 7 jusqu’à Tulear, en 5 ou 6 étapes
-
Le train
de Fianarantsoa jusqu’à Manakara
-
Parcs
nationaux de Andringitra et d’Isola
-
Avion de
Tulear à Tana
-
Avion de
Tana à Diego Suarez
-
Exploration
du nord Montagne d’ambre, Tsingy rouges
-
Nosy Be
-
Quelques
jours dans l’île de Nosy Komba
- Retour à Nosy Be et avion pour Réunion et puis Bangkok
On verra
quelle sera la différence entre mes projets et la réalité mais il est probable
que c’est trop chargé pour la durée de mon séjour. Mes deux contraintes à respecter sont mes
vols de Tuléar à Diego Suarez (avec une nuit à Tana), le 29 novembre et mon
départ de Madagascar, à partir de Nosy Be, le 10 décembre.
J’aurais
voulu faire la descente de la Tsiribihina et aller voir les tsingy de Bemaraha
mais la saison est terminée. Je croyais que c’était parce que les routes
étaient rendues non praticables, à cause de la saison des pluies qui est
supposée être commencée selon les guides de voyage, mais c’est plutôt, dans le
cas de la descente de la rivière, par manque d’eau en cette fin de saison sèche.
Il semble que la saison des pluies commence plus en janvier.
Taxi brousse
Comme je
vais faire la plupart de mes déplacements en taxi brousse, je suis allé faire
une reconnaissance au terminal sud de Antananarivo, la veille de mon départ,
pour me préparer psychologiquement à y aller le lendemain, cette fois chargé de
mes bagages.
Le terminal
est vraiment … chaotique et rudimentaire. Il s’agit d’un ensemble de petites
cabanes en bois à partir duquel de nombreuses camionnettes partent pour aller à
différentes destination. La pression est forte, avant même d’arriver au
terminal il y avait des intermédiaires qui s’accrochaient à mon taxi pour
essayer de me mettre le grappin dessus et ainsi obtenir une commission. Une
fois sortit du taxi, il y avait une dizaine d’autres intermédiaires qui m’entouraient
pour m’offrir la destination. Ils entraient pas mal dans ma zone. C’était
plutôt difficile de savoir procéder mais je crois avoir identifié les
chauffeurs de camionnettes et obtenu les « horaires » de départ pour
le lendemain ainsi que le prix.
Ils ont
essayés de me vendre une réservation mais, devant autant de chaos, je ne savais
pas à qui je pouvais faire confiance et je n’en ai pas pris et suis reparti en
taxi jusqu’à mon hôtel.
Je n’ai pas
pris de photos lors de ce passage, j’étais un peu dépassé par le chaos. Mais, pour vous divertir, voici des taxis:
À suivre …
Ceci
conclut mon premier aperçu de Madagascar. Vous vous demandez peut-être qu’est-ce
que j’en pense, comment je m’y sens, à date? Et bien … J’adore!
Au plaisir,
Sylvain
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