mardi 20 décembre 2011

De Madagascar à l’hôpital sans passer go

Du 29 novembre au 22 décembre 2011
Vers la mer d'Émeraude

Bonjour!

Voici le compte rendu de mes dernières semaines en commençant par quelques items que j'avais oublié dans le dernier compte rendu.

Massages

Je ne vous avais pas encore parlé des massages à Madagascar mais ce pays, au moins pour l’offre sinon la technique, rivalise avec certaines destinations asiatiques pour la possibilité de se faire masser régulièrement sans se ruiner.

Par exemple, à Anakao, dans mon bungalow, j’ai reçu un gentil massage à quatre mains, de 45 minutes, pour la modique somme de 2.50$ par main. L’huile utilisée pour le massage étant une huile artisanale de coco, à la fin du massage je sentais très fort la noix de coco brulée!

Sur la petite île escale lunch lors de ma visite de la mer d’émeraude, j’ai eu droit à un meilleur massage, pour 7.50$. Cette fois-là j’étais couché sur la table à piquenique, sous un toit de palme, et je n’avais qu’à tourner la tête pour voir la mer …

Et, à Andilana, sur l’île de Nosy Be, avec des amis, nous avons eu droit à des massages sur la plage par des masseuses qui nous disaient avoir été certifiées et que nous aurions les meilleurs massages de Madagascar. C’était un peu plus cher, 10$, mais ça en valait la peine!

Transport Isalo-Tuléar

J’avais oublié de mentionner que j’ai eu un peu peur lors de ce transfert. Vous vous souviendrez peut-être que, comme j’étais bien malade, j’avais réservé une voiture privée pour m’amener à Tuléar pour me faciliter la route.

Hors, lors du premier contrôle de gendarmerie, le policier se mets à vociférer et à faire des signes de demi tours … Je stressais un peu.

Mon guide et le chauffeur sortent de la voiture et commencent à fumer une cigarette avec le policier et discutent calmement avec lui. Sans doute après un petit cadeau pour faciliter la vie du policier, nous avons la permission de continuer.

Mon guide m’explique qu’ils n’ont pas le permis (la patente) nécessaire pour permettre le transport de touristes! C’est un permis annuel, commençant en janvier, et comme ils viennent d’acheter la voiture, que le permis est très cher, ils ont décidé d’attendre à janvier avant de prendre le permis.

Alors ils racontent qu’ils ont perdus le permis. À un arrêt subséquent, mon guide me dit que si le policier vient me parler que je devrais lui dire que mon avion part ce matin et que je vais le manquer si on fait demi-tour. Ça ne me tente pas trop d’embarquer dans ces histoires, surtout que je sais qu’il n’y a pas de vol cette journée … Si je le sais, il est possible que le policier le sache aussi.

Heureusement, il n’y a personne qui vient me parler et les contrôles suivants se passent mieux. Mon conducteur a quand même reçu une convocation le sommant de se présenter au bureau d’un ministère pour expliquer sa situation.

Un peu stressant pour moi mais mes accompagnateurs n’avaient pas l’air d’être stressés, l’habitude peut-être …

Malade

Ça a continué … au moment où je pensais que j’aillais mieux, pouf, une récidive. Je ne me suis pas fait d’amis dans l’avion entre Tana et Diego Suarez. Je vous suggère d’essayer la chose suivante pour tester vos voisins … avant même que l’avion ne décolle, prenez et dépliez le sac à vomi. Observez la réaction.

Mon voisin s’est presque assis sur les genoux de sa copine. C’est un bon truc pour augmenter son espace vital. Si seulement je n’avais pas eu tellement besoin du sac … Le vol m’a paru très long!

Diego Suarez

Même si j’y suis arrivé très poqué et que l’hôtel était en délestage, donc pas d’air climatisé ni de ventilation, j’ai bien aimé cette petite ville. J’ai de la difficulté à trouver pourquoi, par contre, … Peut-être est-ce tout simplement qu’il y a un peu moins de poussière dans les rues et de fumée dans l’air? Ou est-ce la gentillesse des gens, à débuter avec mon chauffeur de taxi qui venait me voir à tous les jours, à l’hôtel, dans l’espoir que je veuille aller faire une balade avec lui? (mais sans me harceler)

Probablement tout simplement que Diego est une ancienne capitale coloniale et que ses rues rectilignes et ses beaux, mais en décrépitude, bâtiments parlaient à mon inconscient à la recherche d’un peu d’organisation dans ce pays plutôt chaotique …

Mer d’émeraude

Alors que notre bateau, une grande chaloupe en bois, glisse sur l’eau, poussée par le vent, je vois tranquillement apparaître, au loin, une démarcation dans la mer … l’eau passe du bleu-brun (à cause des roches tapissant son fond) à l’émeraude …  Le changement est assez spectaculaire.

Nous allons jusqu’à une petite île au milieu de ce bassin émeraude de 20km carrés où nous faisons une pause avant d’aller faire mon plus beau snorkeling depuis longtemps. Alors que moi j’observe la faune, mes compagnons, dont le capitaine, pêchent à l’arbalète. C’est à eux de ramener notre lunch.


J’ai même vu une très grosse murène, menaçante alors qu’elle fait mine de se diriger, la gueule ouverte, vers moi …

De retour à l’île, nous mangeons le poisson fraichement pêché, grillé sur un feu de bois, accompagné de riz à la noix de coco et d’une excellente salade de mangue. Délicieux, d’autant plus que mon estomac, malgré les derniers jours, semble vouloir accepter ce repas …

Pendant toute cette excursion j’étais avec Solange, ma guide, ce qui donnait sans doute l’impression que j’étais un autre de ces vieux vazah qui s’accrochent à une jeune poulette malgache.

Sur le bateau il y avait aussi Olivier, un architecte français, ici depuis 9 mois, en train de se construire un établissement de chambre d’hôtes, sur le bord de la mer d’émeraudes. C’est tout un projet, très isolé, inaccessible par route. Il m’a raconté plusieurs des péripéties de son projet et ça prend beaucoup de détermination. Heureusement qu’il est architecte et que sa femme est décoratrice intérieur, à deux ils sont beaucoup plus autonomes que la majorité des vazah tentant de s’installer ici.

Tentant … Car il y avait aussi Bruno sur le bateau, un touriste très habitué à Madagascar, y passant plusieurs mois par année depuis longtemps, qui chantait des chansons grivoises alors qu’il s’amusait à tenir la barre. Il m’a parlé des innombrables projets de vazah, commencés mais abandonnés suite aux trop grandes difficultés. Ou de ces autres vazah qui, ayant complété avec succès leur projet, ont reçu la « suggestion »,  très forte, qu’il serait préférable qu’ils abandonnent tout et quittent leur nouvelle maison …

Le problème de s’établir dans un pays où le cadre de loi est inexistant …

Vraiment, une excellente excursion, par ce que j’ai vu mais, aussi, par les rencontres avec ces personnages …

Tsingy Rouges

Les Tsingy rouges sont des formations de sables, protégées par une fine couche de calcaire, donc très fragiles, qui ont été provoqué par l’érosion. De l’eau riche en calcaire s’est infiltrée dans le sol, créant des concrétions de sable, un peu comme des stalagmites. Lorsque le terrain s’est effondré et que le sable non protégé a été emporté, ces concrétions ont été dévoilées. Elles ont été découvertes en 2003 et elles sont tellement fragiles qu’elles pourraient disparaître n’importe quand.

Bien qu’il y ait un chauffeur de taxi qui a réussi à trouver une façon de se rendre au site dans une vielle 4L, demandant tout de même de pousser la voiture de temps à autre et risquant de tomber en panne, la grande majorité des visiteurs qui viennent au site le font en 4x4. C’est ce que j’ai fait et, pour m’y amener, j’ai retenu à nouveau les services de Solange.




Et encore une fois ça a été une belle journée. J’ai été content d’avoir choisi un 4x4, malgré le prix, car la route était vraiment très mauvaise. On a croisé le taxi en chemin et c’est un miracle que cette voiture puisse passer par là. Le chauffeur doit vraiment être tout un pro et, aussi, un très bon mécanicien.

Bars et restaurants de Diego

On m’avait recommandé quelques restaurants à Diego et j’ai bien mangé, entre autre dans un restaurant tenu par un italien à Diego depuis presque 20 ans. Il s’arrachait les cheveux avec les pannes d’électricité, c’est bien dur de faire fonctionner un restaurant, et maintenir la chaine de froid, si on manque d’électricité 8 à 10 heures par jour. Les génératrices portables aident mais ne sont vraiment pas faites pour une utilisation si intensive.

Le restaurateur était très humain et avait un grand amour pour le peuple malgache. Il en parlait dans son menu et allait jusqu’à y remercier chaleureusement tous ses employés, nommément, incluant ceux qui ne travaillaient plus pour lui.

Je suis aussi sorti dans un bar, le Vahiné, et, ouf, j’ai pu constater de visu à quelle point certaines malgaches peuvent être agressives dans la chasse au vazah. Ça me permet d’avoir un peu d’empathie pour mes lectrices qui, parfois, se trouvent un peu bousculées lorsqu’elles sortent dans un bar.

Diego – Nosy Be en taxi brousse

Ça y est, j’ai battu mon record du transfert en taxi brousse le plus matinal! Le départ était à 02 :45, complètement fou. Mais c’est requis parce qu’il faut que le taxi arrive assez tôt, avant que la mer devienne trop agitée, au petit port d’Ankify d’où on prend le bateau pour aller à Nosy Be. Solange m’avait réservé un place en avant alors j’étais confortable. En fait j’ai été chanceux de tomber sur elle car l’office du tourisme de Diego m’avait induit en erreur en me disant que ce service n’existait plus.
Sur la route je trouvais qu’on entendait beaucoup les oiseaux piailler à l’extérieur. À un arrêt pour faire une pause j’ai compris pourquoi en voyant ce qu’une dame transportait dans son sac …







Le transport incluait la partie bateau jusqu’à Nosy Be et, en arrivant au port d’Ankify j’étais très content que c’était le cas. Les intermédiaires des capitaines de bateau, de grosses chaloupes, se battaient presque pour nous vendre des tickets. Ça parlait pas mal fort. Mon conducteur s’est occupé de tout. Ouf.

En approchant de Nosy Be on a dû remorquer un autre bateau qui était tombé en panne à quelques centaines de mètres de l’île.

Voyant la cohue qui attendait le bateau j’ai demandé au capitaine combien ça devrait me coûter pour me rendre à mon hôtel en taxi, histoire de vérifier si les prix dans mon guide étaient à date. Non seulement il m’a dit le prix que je devrais payer, moins cher que dans mon guide, mais aussi il m’a trouvé le chauffeur qui accepterait de faire la course à ce prix-là. Cela correspond à mon expérience avec 99.99% des malgaches, ils sont super serviables et gentil.

J’ai aussi donné un lift à une belle malgache qui était dans le taxi brousse depuis Diego et qui allait à Nosy Be pour rejoindre son vazah qui venait y passer quelques jours.

Nosy Be

Peut-être était-ce l’orage qui menaçait, l’atmosphère lourde ou bien les flaques de boue mais, je ne sais pas pourquoi j’ai eu une mauvaise impression en arrivant à Ambatoloaka, le village le plus touristique de l’île de Nosy Be.

Pourtant c’est une île très verdoyante, d’origine volcanique, avec de belles plages! Moi qui m’ennuyais tellement de verdure, d’arbres et de forêts, j’aurais dû être au paradis. Peut-être était-ce le long voyage en taxi brousse …

J’ai choisi d’aller passer mes derniers jours à Madagasgar au village d’Ambatoloaka malgré les avertissements que c’était vraiment touristique parce que je voulais justement être proche des services touristiques, pour ne pas avoir à m’organiser des excursions seul à des tarifs exorbitants et aussi pour être dans un endroit où il y avait de l’animation le soir. J’avais aussi le goût de me payer un peu de luxe pour terminer mon mois à Madagascar en prenant un hôtel très récent avec de grandes chambres climatisées.

C’est aux ronronnements des génératrices que je suis arrivé au village car il y avait, au plus grand désespoir des commerçants, des pannes de courant massives depuis plusieurs jours.

Le premier coup d’œil sur mon hôtel a été un peu décevant et je me suis demandé si je ne m’étais pas fait avoir. C’est un hôtel dont la construction a été terminé cet été et je l’avais trouvé sur Internet et y avait réservé 6 nuits. C’était un bon choix finalement, c’était un des rares hôtels qui pouvait continuer à fonctionner normalement, incluant la clim, pendant les pannes d’électricité, ma chambre était très grande et le service excellent. À part l’internet qui semble être un gros problème sur l’île de Nosy Be.

Ambatoloaka

C’est le village où j’ai séjourné sur l’île de Nosy Be. Un ancien village de pêcheur qui est devenu une destination touristique en se développant de façon un peu disparate. Ce n’est pas tellement charmant mais ce n’est pas non plus glauque. On y retrouve tous les services pour faire des excursions et même, une addition récente, un guichet automatique. En plus de quelques bons restaurants, des stands de locations de moto, des agences touristiques et d’une foule de petits commerces de proximité on y retrouve plusieurs bars et discothèques dont le bar le Taxi Be, l’endroit numéro un de la place pour socialiser après le souper. Chaque soir un groupe de chanteurs et musiciens y faisaient une prestation continue de plusieurs heures.

Excursions à partir de Nosy Be

Il y a pas mal d’excursions possibles à faire à partir de Nosy Be, assez pour facilement occuper une semaine, même davantage.

Certaines se font en bateau, comme le combo Nosy Komba (une autre île volcanique où il est possible de séjourner mais ça serait un séjour plus de style couple) et une petite île où on arrête pour faire du snorkel et qui a été mon meilleur spot du voyage pour la variété et la quantité de poissons.





Une autre, le parc de Lokobe, se fait en combinaison de Taxi et pirogue, permet d’aller explorer la jungle à partir d’un petit village, inaccessible par la route, près de la montagne de Lokobe. On y observe différentes plantes, dont la vanille, qui permettent de constater comment la nature est généreuse par ses fruits … lorsqu’on n’arrache pas tous les arbres, et des animaux comme des lémuriens et des caméléons (dont le plus petit du monde).





Dans la plupart des cas les excursions incluent un bon repas de poisson fraichement pêché, grillé sur le feu de bois, miam.


Il est possible, ce que je n’ai pas fait, aussi de partir pour plusieurs jours pour aller explorer des îles plus lointaines qui semblent être de beaux petits paradis tropicaux et, rendu là, vivre dans de petits bungalows sur la plage, ou sous la tente, manger du poisson frais, faire du snorkel et de la plongée.

Joyeux Lurons

Lors de ma première excursion j’ai rencontré Franck, qui m’a été présenté comme un journaliste français mais qui est plutôt spécialisé dans le référencement web (SEO) et qui est en train d’ouvrir un bureau à Madagascar pour faire de la rédaction de contenu.

Il n’était pas la première personne à me parler de référencement à Madagascar, il semble que Madagascar est en voit de devenir un bon endroit pour faire du outsourcing de rédaction de contenu en Français. Par contre il faut avoir des nefs d’aciers, faire affaire dans un pays où la loi n’est pas trop forte et l’environnement des affaires est beaucoup plus agressif que le notre n’est vraiment pas facile. Les dernières nouvelles que j’ai eues de Franck me faisaient d’ailleurs part de difficultés comme le vol d’ordinateurs, …

J’ai tout de suite remarqué une qualité extraordinaire à Franck, sa capacité à s’émerveiller devant les choses et à le communiquer. Pour le vieux routier du voyage que je suis c’était très rafraichissant et bon pour moi de le voir s’exclamer ainsi.

Aussi, sur le bateau, il y avait Martine et Bruno, un couple qui me semblait en train de faire leur premier voyage ensemble. En fait, je pense que c’était le premier voyage de Bruno. Martine, elle, était très expérimentée, elle avait habité un an à Mayotte, une île pas loin de Madagascar faisant parti de l’archipel des Comores, et y avait travaillé comme infirmière. Ce qu’elle m’a raconté sur les terribles conditions de vie de certains là-bas était très difficile à écouter.

La rencontre avec Franck m’a aussi amené à rencontrer Jean, un expert de Madagascar, y venant 3 fois par année depuis de nombreuses années.

Franck, Jean et moi sommes donc devenu quasiment inséparables pour la durée de mon séjour à Nosy Be. Je nous voyais comme les joyeux lurons. Par manque d’entrainement, et de santé je me voyais forcé d’être moins luron et je me trouvais moins joyeux qu’eux mais ils ont eu la gentillesse de quand même m’adopter!

Grace à eux j’ai probablement augmenté de 30% la quantité totale de bière que j’ai bu dans ma vie (c’est facile d’augmenter des petits nombres) et moi j’aurai eu un peu d’influence sur Franck en l’invitant à partager mes bouteilles d’eau.

Cette rencontre a complètement transformé mon séjour à Nosy Be et l’a rendu inoubliable.

Oh! Vous avez sans doute remarqué qu'il m'arrive d'être assez direct dans mes questions et commentaires, chose encore plus apparente en compagnie d'européens faisant souvent preuve de, disons, plus de discrétion et subtilité. Jean a trouvé ça bien drôle et m'a rapidement surnommé le bucheron canadien! Des français que j'avais initiés aux bains de neige m'avaient déjà surnommé le canadien fou, il semble que je collectionne les surnoms.

Manga Be

Un jour, en après-midi, Jean nous a amené  à Manga Be, un peu au nord d’Ambatoloaka, un développement domiciliaire surtout touristique. Plusieurs vazah y ont achetés des maisons et des appartements pour pouvoir séjourner au bord de cette plage, beaucoup plus belle que celle d’Ambatoloaka, dans un environnement beaucoup plus paisible que celui d’Ambatoloaka.

Malheureusement, ces maisons et appartements plutôt luxueux ne possèdent pas de génératrices d’appoint et me semblaient désertes en cette époque de délestage quasi constant. Imaginez, vous vous achetez un appartement de rêve sur une île tropicale et vous venez y passer une précieuse semaine de vacance et … pas d’électricité. Pas de frigo. Pas drôle. Certains des propriétaires se sont résignés à se louer des chambres d’hôtel ailleurs. Vous dites que ce n’est pas grave, ça arrive, c’est vrai mais quand ça dure des mois …

À Manga Be il y a aussi un beau petit hôtel où Jean séjourne d’habitude mais qui était complet. Cet hôtel possède sa propre génératrice et est souvent loué au complet par des groupes qui veulent avoir un site juste pour eux.

On a passé un long moment à se laisser tremper dans la mer et, après, nous avons profité de la possibilité de nous faire masser sur la plage, pendant que le soleil se couchait devant nous, sur un fond de bruit de vagues.

Un après-midi magnifique!

Balade en Moto

Jean nous a invités à aller faire une balade en moto dans l’arrière-pays de Nosy Be, pour nous faire découvrir les coins qu’il aimait. Franck et moi nous sommes donc loués chacun une moto (ok, un scooter), pour la modique somme de 10$ le 24 heures, et sommes parti à la queue leu leu vers le nord de l’île.
Nous avons roulé environ 1km avant de nous arrêter dans un restaurant sur le bord de la route car le ciel se faisait soudainement très menaçant. Et ça a été une maudite bonne idée! Il est tombé des cordes … Oh que cela n’aurait pas été beau d’avoir reçu cela sur la tête.
Après une pause d’une heure nous sommes repartis et, indice de comment doit être la circulation dans le gros de la saison des pluies, il y a eu plusieurs endroits où nous avons dû circuler dans l’eau, les routes étant inondées par endroits.

Franck m’a d’ailleurs impressionné par sa technique de moto amphibie avec les pieds remontés dans les airs.
Nous avons visité quelques beaux hôtels, vu quelques baies, et nous sommes allés jusqu’à Chez Loulou, un restaurant sur le bord de la plage à la pointe nord de l’île. Dans un cadre paradisiaque nous avons mangé un repas qui était très correct et, pour nous aider à bien digérer, nous l’avons fait suivre par un massage très compétent. Les masseuses, toutes maquillées traditionnellement, nous avaient dit que cela serait le meilleur massage de Madagascar, ayant toute suivie en même temps une formation avec attestation à Diego Suarez. Elles avaient entièrement raison!



Ayant appris de notre expérience précédente à Manga Be où nous nous étions baignés dans l’eau salée avant de nous faire masser et avions tous trouvé que le frottement des cristaux de sel, malgré l’huile, sur la peau, n’était pas très agréable, nous avons attendu à après le massage pour nous baigner. On apprend des choses importantes en voyage.
Au retour, une des masseuses avait besoin d’un lift et mes copains m’ont gentiment laissé l’honneur de raccompagner ma jeune masseuse dans son village. Elle semblait avoir de l’expérience à faire cela, elle était capable d’envoyer des textos pendant qu’on roulait sur une route parfois cahoteuse. J’avais peur de frapper une bosse et d’éjecter  ma passagère.

Le Qat (ou Khat) pour faire tactac

Alors que Franck et moi retournions de notre excursion à Lokobe, en taxi, un passager supplémentaire est monté à bord, le chauffeur lui donnant un lift jusqu’à Hellville. Ce passager nous a aussi expliqué que le chauffeur ferait un arrêt supplémentaire au marché de Hellville pour aller acheter du Qat. Le Qat est une plante dont la mastication des feuilles a un effet stimulant semblable aux amphétamines et qui est illégale dans bien des pays. On nous a expliqué que notre chauffeur draguait une fille sans succès depuis 5 jours et qu’elle avait finalement accepté ses avances et que ce soir ils allaient faire tactac. Pour être certain d’offrir une bonne prestation à sa compagne d’un soir il allait mâcher du qat, et que, grace à ça, il allait pouvoir s'exécuter au moins 5 ou 6 fois ... Selon la littérature le qat a des propriétés stimulantes mais il n’est pas fait mention que c’est du viagra naturel.
Marché de Hellville

Marché de Hellville
Cela n’a pas empêché nos accompagnateurs de décrire à grand renfort de bras tendus et de poings fermés, la vigueur que le qat donne et aussi de nous dire que le chauffeur serait bon pour tactac-er au moins 5 ou 6 fois de suite.

Jean m'a mentionné, plus tard, que les hommes malgaches combinent souvent l'utilisation du qat avec la consommation de grandes quantité d'alcool alors ça laisse planer un certain doute sur le résultat final. Peut-être qu'au lieu de faire tactac il a fait ronron et a fait 5 ou si rêves.

Une fois de le tactac acheté le chauffeur nous a prêté la touffe de branches et Franck et moi l’avons observé et humé. Franck gardant cette touffe dans ses mains je lui ai fait remarquer que c’était peut-être une drogue illégale ici. Ça a été drôle de voir à quelle vitesse la touffe est retournée à l’avant du taxi.
Manifestement ce n’était pas illégal, le chauffeur l’a déposé sur le tableau de bord, à la vue de tous.

Une belle expérience culturelle …

Relations homme-femme à Madagascar (et peut-être en Afrique)

Il est difficile pour moi de résumer tout ce que j’ai vu et appris sur les relations homme-femme à Madagascar. C’est un peu comme si j’étais un extra-terrestre qui regardait une culture extrêmement différente de la mienne.

Je crois, qu’à la base, il y a à Madagascar un aspect transactionnel dans toutes (ou presque) les relations hommes-femmes, même entre les habitants locaux. Les femmes recherchent quelqu’un qui leur apportera la sécurité, les aidera à sortir de la pauvreté et assurera un avenir meilleur à leurs enfants et possiblement leur famille étendue. L’âge, ou la différence d’âge, ne semble pas avoir d’importance. Les vazah, en tant que potentiels super pourvoyeurs, viennent compliquer le jeu, surtout pour les hommes malgaches, mais, je crois, ne changent pas énormément la dynamique.

Par exemple, Solange, ma guide à Diego, m’expliquait que les vazah disaient souvent que les femmes malgaches étaient profiteuses en leur demandant des cadeaux et des bijoux. Alors que ce n’est pas un phénomène réservé au vazah, ça fait partit de la culture que la femme puisse montrer à ses amis, à sa famille, à quel point son homme (vazah ou non) l’apprécie.

Elle m’a raconté que si jamais un homme trompait sa femme, la coutume est qu’elle vide la maison, sauf peut-être la télé et le système de son, et se réfugie chez ses parents. Pour se faire pardonner il est normal que l’homme achète un cadeau qui demande un effort monétaire et le donne à sa femme. C’est seulement à ce moment qu’elle pourra rentrer la tête haute, son honneur réparé, à la maison. S’il lui prenait l’idée de rentrer à la maison sans avoir reçu ce cadeau elle serait vue comme n’ayant aucune valeur, aucun honneur et ses amies parleraient dans son dos. Donc ce genre de situation semble avoir une résolution codifiée.
Je lui ai demandé ce qu’il se passait si c’était la femme qui trompait son mari mais je n’ai pas eu de réponse claire à cela. ;-)

Pour moi, dans mes relations amoureuses, le degré de symétrie, ou l’équilibre, est un critère important, en plus bien sûr de la complémentarité. Ici, la symétrie ne semble pas être un facteur, à tout le moins au premier abord. Il est possible qu’en creusant je m’apercevrais que cette symétrie s’exprime de d’autres façon.

Je pourrais en dire beaucoup plus sur le sujet mais je n’ai pas terminé de cogiter là-dessus. En fait, je pense que les choses ne doivent pas être tellement différentes de comment elles l’étaient il y a 200 ans en occident. Peut-être aurons-nous l’occasion d’en parler en buvant un bon verre de vin.

Une chose certaine, ça force à réfléchir.

Femmes et Enfants

Je ne crois pas être loin de la réalité si je généralise que les familles malgaches ont tendance à diminuer,  surtout en zones urbaines, ce qui augure bien pour l’avenir du pays. Au lieu de souhaiter avoir une famille de 10-12 enfants, les couples souhaitent plutôt avoir de très petites familles de peut-être seulement 4 ou 5 enfants.

Toutefois il m’apparaît que les femmes ont encore un ou deux enfants très tôt, entre 15 et 19 ans, souvent de pères différents, (accidentellement, en s’amusant « à chercher un bébé » avec leurs copains) et, pour la grande majorité, les confient à la, nouvelle, grand-mère.
Comme c’est la grand-mère qui s’occupe de leurs enfants, cela permet aux jeunes femmes de quitter leurs villages pour aller travailler en ville, où il y a plus de possibilité d’emploi rémunérateur et où il y a plus de possibilité de trouver un bon parti pour se marier. Mais, en échange, elles ne voient pas grandir leurs enfants qui finissent par les voir plus comme une grande sœur …

Vers 28-30, si elles n’ont pas trouvé de mari, elles rentrent alors à leurs villages, se marient et, peut-être, reprennent la garde de leurs enfants.
Je ne rigole pas avec la barrière des 30 ans. J’ai spécifiquement demandé qu’est-ce qu’il arrivait avec les femmes de plus de 28 ans, car il n’y en avait nulle part dans les bars, et voilà ce qu’on m’a répondu : « elles se trouvent trop vielles et se marient au plus vite ».  

Lydia la vendeuse de Vanille
Un soir, avant le souper, alors que je marchais sur la plage, j’ai rencontré Lydia, et on a longuement discuté en arpentant la plage. Au début j’étais très méfiant car la plupart des approches sur la plage sont pour vendre des produits, excursions ou services, mais, dans ce cas-ci, c’était vraiment juste pour discuter.

Lydia, 29 ans, originaire de la ville de Sambava, venait tout juste d’arriver à Nosy Be et, à cause de cela, n’avait pas encore été « contaminée » par cet endroit où on trouve le meilleur et le pire. C’était sa première fois ici et elle n’aimait pas tellement cela, trouvant cela plus dangereux et agressif que sa ville.

Elle était ici pour vendre de la vanille mais ne m’en a jamais offert directement. Il faut dire qu’elle était arrivée, par taxi brousse, un trajet de 24 heures, avec 25 kg de vanille et en avait déjà écoulé 20 kg à un commerçant de Hellville et 4 kg à des touristes.

Elle m’a parlé de sa ville, qui semble être un endroit intéressant à visiter mais surtout de la culture de la vanille et de son métier. Elle achète les gousses de vanille encore vertes des cultivateurs et l’amène à maturité, prête à la vente, elle-même. J’ai appris que ça pouvait prendre jusqu’à 7 kg de vanille verte pour faire 1 kg de vanille à vendre. Qu’il y a beaucoup de différences dans la qualité et que c’est difficile pour un amateur de faire la différence. Elle m’a aussi parlé qu’elle était chanceuse de vivre à Sambava car la nature était très riche. En plus de la vanille elle fait le commerce du café, du poivre et du clou de girofle.

Elle m’a aussi parlé de sa sœur de 23 ans, comment elle était heureuse, fraîchement mariée à un vazah de La Réunion de 72 ans (gulp) et qui allait bientôt déménager à La Réunion pour rejoindre son mari.

Une belle conversation qui s’est terminée lorsque je suis allé rejoindre Franck et Jean qui m’attendaient pour l’apéro.
Combien ça coutait un kilo de gousses de vanille de première qualité? Environ 15$ Je vais certainement me rappeler de cela la prochaine fois que je vais acheter deux gousses pour 7$. Comme je voyage à long terme je n’achète aucun souvenir mais je dois dire que la vanille m’a tenté plusieurs fois pendant mon séjour à Madagascar.
Je me rappellerai de ce beau moment à toutes les fois que je vais utiliser de la vanille fraîche …

Fady (interdits), Légendes, Rituels, Traditions

Voici un échantillon des Fady, légendes, rituels et traditions que j’ai entendus pendant mon séjour à Madagascar :

·        Les morts sont plus importants que les vivants.

·        Il est coutume, dans certaines ethnies, de liquider le patrimoine (tuer tous ses zébus, …) du mort pour qu’il puisse avoir le plus beau tombeau possible, laissant sa famille dans la dèche.

·        Il a longtemps été fady de construire des maisons en dur (briques, pierres) pour les vivants, seulement les morts avaient le droit de se loger dans des bâtiments en dur. Les autres devaient se contenter de bois et palmes (et les voir être détruits à chaque cyclone).

·        Fady : porter du rouge en faisant de la pirogue à Manakara.

·        Fady : pour un nouveau couple de se promener le long d’un lac spécifique près d’Antsirabe.

·        Fady : pointer un tombeau du doigt.

·        Fady : laver la vaisselle s’il n’y a pas de restes pour les morts. Il faut laisser ça trainer toute la nuit pour que les morts puissent prendre leurs parts.

·        Une fois une vielle femme est arrivée assoiffée dans un village près de la montagne d’Ambre, près de Diego. Elle a demandé aux villageois de lui donner de l’eau et tous, l’eau douce étant une ressource très précieuse, ont refusés. Sauf une mère qui, malgré ses très nombreux enfants, lui a offert ce qu’il restait dans sa réserve en s’excusant que c’était peu et que l’eau était croupie mais que c’était tout ce qu’elle avait. La vielle femme l’a remercié et lui a dit de quitter au plus vite le village avec sa famille car un malheur allait arriver. Un peu plus tard, une inondation frappa le village et tous ses habitants furent transformés en crocodiles. De nos jours les malgaches vont à se bassin et offre un ou deux kilos de viande aux crocodiles et c’est supposé porter chance.

·        Il y a une montagne pas loin de Diego où il est fady aux étranger de s’approcher. Les malgaches y ont pour faire des vœux en échange d’un gage et, si les vœux s’exhaussent, ils doivent y retourner pour faire leur gage. Le gage peut être de laisser de l’argent à même le sol, prendre l’argent est fady. S’ils oublient de respecter leur promesse, un grand malheur va leur arriver.
Il y a toujours des conséquences associées à la transgression des fadys. Par exemple, un nouveau couple qui irait autour du lac fady verrait leur union maudite et promise à l'échec. Dans d'autres cas, ça pourrait être la mort ou la maladie, pour soit ou pour un proche.

Voilà un lien qui parle des fady reliés à la grossesse : http://ariniaina.mondoblog.org/2011/08/08/les-tabous-ou-fady-pendant-la-grossesse/

Un peu plus sur les fady : http://www.antsirabe-tourisme.com/fady.php
Et encore … http://www.web-libre.org/dossiers/fady,5552.html

Électricité

Le problème d’approvisionnement en électricité est pas mal répandu dans tout Madagascar mais j’ai trouvé que le plus gros des problèmes étaient dans le nord. Un article dans le journal expliquait la situation : Toute l’électricité publique de l’île est produite avec des groupes électrogènes marchant au gasoil. La compagnie, nationale, est forcée de vendre l’électricité sous son prix de revient. Cela ne lui laisse pas d’argent pour entretenir ses groupes ni honorer le paiement de ses contrats d’approvisionnements en carburant. Certaines centrale manquent donc de carburant ou ne fonctionnent pas à capacité car certains des groupes électrogènes sont hors service.

La situation est compliquée par le vol et la corruption. La quantité de carburant commandée et payée par la compagnie n’est pas la même que celle qui se rend jusqu’aux centrales. De grandes quantités de carburant s’évaporent, comme par magie, pendant le transport.
Tout cela force moult délestages, parfois à long terme.

À Diego Suarez on m’a même dit que les étudiants universitaires, lorsqu’ils en ont marre de voir leurs cours annulés à cause du manque d’électricité, ont pris l’habitude de manifester et d’aller saccager les bureaux administratifs de la société qui produit l’électricité. Mon interlocuteur semblait penser que cela assurait une reprise de l’électricité pour un certain temps …

À Nosy Be, la très vielle centrale ne fonctionnait qu’à 1/3 de capacité, 2 des 3 génératrices étant hors d’usage. C’est d’autant plus fâchant qu’une centrale toute neuve existe mais attend des travaux finaux avant de pouvoir être mise en service. C’est travaux ont probablement été suspendus lors de la crise politique de la fin 2009 et, depuis, ça ne bouge plus.

Ce genre de problème avec les infrastructures les plus élémentaires ne fait rien pour aider le pays à se développer.
Internet et Téléphonie

Lorsque je suis arrivé à Madagascar, je m’étais pris un forfait prépayé, incluant 500mb d'Internet 3g et un numéro de téléphone malgache, pour un mois. Le tout pour la modique somme d’environ 40$. Ça a été un très bon investissement car cela m’a permis d’avoir accès Internet à peu près partout, pratique pour faire des recherches, et de pouvoir faire mes réservations par téléphone. Si j’avais dû compter exclusivement sur le wifi dans les hôtels ça aurait été beaucoup plus difficile.

J’ai pu faire cela parce que j’ai acheté mon Iphone déverrouillé, directement de la maison Apple à Montréal. Si le vôtre ne l’est pas, contactez votre fournisseur de téléphonie mobile avant de partir en voyage, expliquez leur votre situation, demandez un déverrouillage et, si vous êtes chanceux, ils accepteront. Je sais que Rogers (et peut-être Fido) accepte maintenant, moyennement un frais de 50$, de déverrouiller les appareils dont les contrats initiaux sont échus.
Sinon … À moins d’utiliser des moyens de type hacker, vous n’aurez d’autre choix que d’acheter un téléphone pas cher sur place, ce que plusieurs voyageurs faisaient. Ces téléphones à rabais n’ont souvent pas accès à l’internet par contre.

Fin de mon séjour à Madagascar – Direction Thaïlande

Bien oui, Madagascar c’est terminé. J’ai pris trois vols successifs de (Nosy Be – Réunion, Réunion – Bangkok, Bangkok Chiang Mai) pour finalement me rendre à Chiang Mai, Thaïlande. Comme il s’agissait de vols indépendants, j’espérais qu’un retard ne viendrait pas compromettre la chaine de vol mais tout s’est super bien passé.

Pendant mon escale à la Réunion j’ai été frappé par de petites choses qu’on prend pour acquis mais qui avaient disparus pendant mon séjour à Madagacar. Des choses comme avoir un distributeur de savon qui fonctionne 

Je disais que le vol c’était super bien passé  … Sauf la santé … J’ai été malade tout le long et je n’étais pas fort en arrivant en Chiang Mai. En fait, j’ai eu des problèmes digestifs constants mais variables et des accès de fièvre occasionnels depuis mes derniers jours à la Réunion, c'est-à-dire il y a 5 semaines. Je crois que je n’ai pas bien utilisé les médicaments que j’avais apporté et, me méfiant des hôpitaux malgaches, je n’ai peut-être pas consulté comme je l’aurais dû. En plus il y avait une pénurie de sels (électrolytes) réhydratants à la grandeur de Madagascar.
Tout cela a fait que je suis arrivé très poqué à Chiang Mai. J’ai fait mon check-in, je me suis reposé une heure, et je suis allé à l’hôpital qui m’a été recommandé par mon hôtel dans le but d’y voir un médecin et de voir comment je devrais régler mon problème.

Tourisme Médical au Chiang Mai Ram Hospital

L’entrée de l’hôpital ressemble presque à un lobby d’hôtel, je me suis dirigé vers l’inscription, où ils ont pris mes coordonnées, et je suis allé attendre dans le département de médecine interne. Quelques minutes plus tard, une infirmière a pris mes signes vitaux et m’a renvoyé dans la salle d’attente pour que je voie un médecin.
Après examen, explication de mon problème, le médecin recommande mon hospitalisation, surtout basé sur le fait que mes problèmes datent de 5 semaines et que ça serait beaucoup plus facile de passer tous les tests et examens si je suis sur place.

Ouch. Je n’avais vraiment pas prévu cela. J’accepte et, me sentant très fatigué (après mes vols de l’Afrique à la Thaïlande), vulnérable et seul et je fonds presqu’en larmes … un peu de retenu m’a permis de sauver la face.

J’ai été admis dans une chambre VIP, dans la section internationale. C’est une chambre qui est plus grande que la plus part des hôtels où j’ai séjournés depuis des mois, comportant télé à écran plat 42 pouces, réfrigérateur, divan, …

J’ai été immédiatement branché sur intraveineuse (perfusion) et on a prélevé, je trouve, de grandes quantité de sang pour faire les multiples analyses. J’ai aussi dû faire de multiples dépôts pour qu’ils puissent bien analyser tout ce qui sortait de mon corps.

Et j’y suis resté 5 jours. Au début je paniquais un peu, je n’étais vraiment pas préparé à ça, toutes mes choses étaient à l’hôtel. Une chance que j’avais mon téléphone et que j’avais eu le temps d’acheter une carte sim thaïlandaise avec accès internet. J’ai pu ainsi communiquer avec mes proches et mon assurance pour les informer de mon hospitalisation subite. Après avoir parlementé avec mon médecin, le lendemain de mon arrivée, j’ai reçu la permission de sortir temporairement de l’hôpital pour aller chercher mes affaires à l’hôtel mais à la condition expresse que je sois accompagné en tout temps d’une infirmière et que ça soit un chauffeur et une voiture de l’hôpital qui m’y amène. Malgré tout il a fallu que je signe une décharge de responsabilité.
Mes affaires récupérées, j’étais plus serein et était prêt à me confier à leurs bons soins pour me guérir.

Et quels bons soins! Je ne peux qu’imaginer comment cela aurait été à Montréal mais j’aurais sans doute passé quelques jours dans une civière dans un corridor plutôt que dans ma chambre VIP, vue sur la montagne, avec internet WIFI inclus.

Après 5 jours de traitements, surtout remplacer les fluides que j’avais perdus et des traitements antibiotiques intraveineux, me sentant beaucoup mieux, la fièvre étant tombée depuis plusieurs jours, j’ai obtenu mon congé.
Je suis retourné à mon hôtel et, après une petite sieste, je suis allé faire une marche pour aller luncher. Et c’est là que j’ai commencé à voir que la récupération serait longue. Après 10 minutes de marche, sur du plat, j’étais en sueur, j’avais les jambes qui tremblaient. J’ai mangé, je suis retourné vers mon hôtel, en profitant pour me faire donner un massage, faire laver mon linge et me faire couper les cheveux, et pendant tout ce temps-là un mal de tête s’est mis à croître …

Et, d’heures en heures, ça s’est aggravé, et mes symptômes de problèmes digestifs ont dégénérés, pire que lors de mon entrée à l’hôpital … Je commençais à penser (quand je pouvais penser) qu’il serait bon que je retourne à l’hôpital mais (tête de linotte) je voulais faire mes bagages mais je n’avais pas la force de le faire …
J’ai passé pas mal de temps couché sur le plancher de la salle de bain (ohhh, la fraîcheur des tuiles) et, après m’être bien vidé des deux bouts (désolé pour l’aspect graphique de la chose, si quelqu’un a une belle métaphore à me proposer pour cela, je vous écoute, tiens, je vais en essayer une : après avoir permis à l’univers de reprendre par tous mes conduits ces nutriments qu’il m’avait temporairement prêté? C’est mieux?)

Donc après … la chose, je me suis assoupi et me suis réveillé quand ma mère m’a appelé. Je n’ai pu lui parler longtemps, l’univers n’en ayant pas terminé de reprendre et moi, de donner, mais ça m’a donné l’impulsion pour faire mes bagages et aller à l’hôpital. J’étais prêt à prendre une ambulance mais finalement c’est dans un tuktuk, la tête entre les deux jambes, que je suis arrivé à l’urgence de l’hôpital où en 10 minutes j’étais rebranché en perfusion, on m’avait injecté des antidouleurs (le mal de tête a vraiment été violent), les prises de sang étaient faites, et 10 minutes plus tard on m’avait réadmis dans ma chambre. J’ai été surpris de l’heure, je crois que j’ai perdu un peu de temps quelque part, il était rendu 23 :00. J’aurai passé environ 12 heures hors de l’hôpital.

Au moment où j’écris ces lignes, je vais beaucoup mieux. J’aurai tout de même passé 11 jours à l’hôpital, un séjour sans doute un peu plus prolongé qu’il l’aurait été si ils n’avaient pas à attendre que je sois autonome, qu’il soit sécuritaire de me relâcher seul dans les rues de Chiang Mai. J’obtiendrai ma décharge jeudi le 22 décembre et pourrai donc passer à la suite des choses …
Une partie de mon équipe de soin de jour, ainsi que mon médecin principal le Dr. Taratorn Thamprasit, M.D., Hématologue.

Tourisme Médical … bis

Vu la qualité des soins prodigués et le relativement faible coût (1600$ pour 5 jours d’hospitalisation dans l’hôpital réputé le plus cher de Chiang Mai), si j’avais une procédure non-urgente à faire je considérerais sérieusement revenir à Chiang Mai (ou à Bangkok où il y a un hôpital super réputé), plutôt que de souffrir les longs délais du système Québécois.
D’ailleurs, je souffre d’une douleur faciale depuis plus d’une quinzaine d’année et j’ai jamais pu trouver une solution satisfaisante à ce problème. En gros, au Québec, le cycle a été d’attendre un rendez-vous avec un ORL. Attendre rendez-vous pour passer examen. Revoir ORL. Se faire dire que ce n’est pas ORL mais peut-être dentaire ou neurologique. Repasser par le même processus avec le dentiste et l’endodontiste. Se faire dire d’aller voir un ORL ou un neurologue. Refaire le même processus avec le neurologue. Se faire dire d’aller voir un ORL ou un dentiste. Et ce pendant plusieurs années et plusieurs cycles selon mon degré de découragement.

Profitant de mon séjour à l’hôpital, j’ai envoyé un email à l’hôpital décrivant mes symptômes et mes démarches. Quelques heures plus tard mon médecin traitant est venu me voir avec mon email et m’a dit qu’un neurologue viendrait me voir. Le dimanche soir à 21 :00, le neurologue débarque avec sa cohorte d’étudiants et stagiaires, procède à un examen, me questionne et pose un diagnostic. M’explique en détail les 4 familles de médicaments qui pourraient m’aider, en me parlant des effets secondaires de chacun et, ensemble, on en arrive à un choix de traitement. Il m’offre de continuer à me suivre par email si je ne suis pas à Chiang Mai et d’envoyer des instructions à d’autres médecins si nécessaire.

Pour terminer le tout il m’avoue ne pas être un neurologue ordinaire (comme celui que j’avais vu à Montréal après une attente de plus de 6 mois) mais un neurologue spécialisé dans les douleurs atypiques du visage et qu’il a longtemps travaillé dans un centre spécialisé dans ce domaine en Angleterre.

Non, mais, ça se peut-tu? Pincez moi quelqu’un.
Il a donné les instructions à mon équipe soignante et une heure plus tard mon traitement commençait. Je rappelle qu’on est dimanche soir et qu’il s’est excusé de venir si tard. Il est même revenu le lendemain soir, après sa journée de travail dans un autre hôpital, pour réviser le tout.

Temps total entre l’envoi de mon email et le début des traitements, 11 heures.
(Je sais que ce n’est pas tout le monde qui peut se permettre d’aller en Thaïlande pour se faire soigner et que même en Thaïlande c’est une minorité qui a accès à ce genre de soins et c’est déplorable. À tout le moins ça confirme que la médecine à deux vitesses, qui officiellement n’existe presque pas au Canada, est un fait accompli et ça met en encore plus en relief les problèmes de notre système de santé.)

La suite
Justement! Quelle suite donner  à cela! En arrivant à Chiang Mai j’avais en tête de me louer un appartement pour quelques mois, pour avoir un endroit que je peux appeler « chez moi » pendant quelque temps et, de là, rayonner de temps à autre pour aller faire un voyage soit en Thaïlande, en Malaisie ou aux Philippines. J’avais déjà un billet d’avion pour Kuala Lumpur pour le 5 janvier, pour pouvoir au moins renouveler mon visa.
Visa Thailande
Attention! En tant que Canadien, si vous n’avez pas fait de demande de visa, vous avez droit de séjourner jusqu’à un mois en Thaïlande si vous arrivez par avion (seulement 15 jours si vous arrivez par terre). La loi Thaïlandaise exige que vous ayez une preuve de sortie du pays, un billet d’avion, qui vous permettra de respecter la durée maximale de votre séjour. Normalement cela n’est pas vérifié au comptoir d’immigration, cela ne l’a pas été pour moi, mais de plus en plus de compagnies aériennes le font à l’embarquement. Pourquoi? Si vous êtes refoulés par l’immigration, c’est eux qui vont devoir vous ramener … J’étais renseigné et j’avais acheté le billet pour Kuala Lumpur (et l’avais imprimé). Heureusement car la compagnie Air Austral a fait la vérification et même avec ça j’ai dû parlementer car mon billet de retour avec eux (que j’avais acheté parce qu’il était moins cher qu’un billet aller-simple) était dans deux mois. Ils étaient vraiment prêts à me refuser l’embarquement!
Vous prévoyez partir deux mois en Asie, en arrivant en Thaïlande, pour faire le Cambodge, Laos, etc et vous prévoyez, comme tout le monde, voyager par terre entre ces pays, alors vous avez deux choix : Soit que vous vous fassiez faire un visa dans un consulat ou une ambassade de la Thaïlande dans votre pays avant de partir ou vous faites comme j’ai fait, vous achetez un billet d’avion pour sortir de la Thaïlande qui respecte la durée maximale autorisée, quitte à perdre le billet.  Air Asia a des billets à moins de 100$ à partir de la Thaïlande alors c’est une bonne option.

La suite de la suite …
Je commençais à avoir des doutes quant à mon désir de suivre mon plan, d’autant plus que mon séjour à l’hôpital m’a empêché de visiter des appartements et que ça devient de plus en plus difficile d’en trouver un avec la haute saison qui commence. Et je sens que la récupération suite à mon infection risque d’être un peu longue. Mais, tout de même, je suis dans un endroit où je peux recevoir d’excellents soins. Le climat est super bon et je rêve depuis des mois de pouvoir manger une salade de papayes vertes!

Des amis m’ont suggéré l’idée de revenir à Montréal mais ma première réaction à l’idée de me taper 30 heures d’avion dans un état physique incertain me faisait frémir, surtout en ayant en tête mes derniers vols. En plus c’est, pour les avions aussi, la saison haute et les billets me couteraient très cher.

Ça me tenterait pas, non plus, de me retrouver à me faire soigner à Montréal, avec les délais pour voir un spécialiste, l’attente sur civière dans les corridors, … si jamais j’ai une rechute ou une complication.
J’ai aussi dit, depuis le début de mon voyage, à tous ceux qui me demandaient combien de temps que j’allais faire cela que je ne rentrerais pas à Montréal en plein hiver, mon linge hivernal étant dans le fond de mon entrepôt.

C’était aussi un défi pour moi, m’installer quelque part (Chiang Mai) pendant un certain temps, me forcer à sortir de ma coquille et me faire un réseau social, apprendre à connaître une nouvelle culture, …

Mais, bon, c’est Noël, je m’ennuie de ma famille et de mes amis, je suis poqué, fatigué et j’ai besoin de récupérer, ça fait maintenant 10 mois que je voyage, à 4 exceptions près il y a 7 mois que je n’ai pas vu mes amis du Québec et j’avais l’impression que j’étais en train de manquer des événements importants.

Puis, la semence de retour que mes amis ont plantés dans mon cerveau  à germer et s’est mise à grandir …
Je me suis donc remis à la tâche, j’ai cherché des billets, et … j’ai trouvé sur le site d’aéroplan! Une série de billets Chiang Mai-Montréal, en première classe, juste avant Noël, que je peux me procurer avec mes points et la modique somme de 200$. Pas pire pour des billets qui couteraient plus de 12 000$ si je les achetais au détail. J’ai appelé le centre d’appel aéroplan pour compléter la transaction parce que le site d’aéroplan était super instable à partir du wifi de l’hôpital et que je ne voulais pas perdre les billets et je suis tombé sur une préposée super bête qui me disait que les billets que j’avais trouvé n’existaient même pas … Hmm, j’ai donc raccroché, suis retourné sur le site d’aéroplan avec mon téléphone cette fois-ci, en 3G et j’ai pu compléter la transaction.

J’arriverai donc à Montréal vendredi le 23 décembre.
Pour combien de temps? Est-ce que ça sera un séjour de quelques semaines, voire quelques mois, avant de repartir en nomade, sans domicile fixe? Est-ce que je vais plutôt me réinstaller au Québec?

J’ai en absolument aucune idée!

Les discussions que nous aurons à ce sujet, le recul que le temps m’apportera, la forme que je retrouverai et les portes qui se présenteront à moi, qui s’ouvriront ou se fermeront, ou que je déciderai d’ouvrir ou de fermer, tout cela m’aidera à voir plus clair et décider quelle sera le prochain chapitre de ma vie.
De mon lit d’hôpital, dans ma belle jaquette bleue décorée de petites abeilles faisant des simagrées, je vous remercie de m’avoir suivi tout au long de ce périple et, si je n’ai pas l’occasion de vous revoir avant les dates fatidiques, je vous souhaite un très joyeux noël et une bonne année 2012!

 (et attention à comment vous ouvrirez vos bouteilles de champagne)
Vieille Pub pour du Champagne vue en France
Au plaisir,
Sylvain
En super bonus, pour ceux qui auront eu la persévérance de lire le blog jusqu'à la fin, voici quelques courts vidéos tournées à Madagascar.

1 commentaire:

  1. Quelle aventure! Je souhaite que ton séjour au Québec soit de très courte durée... J'aime bien lire tes aventures à l'étranger et voyager avec toi à travers tes récits!

    Alors fais le plein et fout le camp!!!

    Bonne année 2012!

    Serge

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